(Cet article constitue la seconde partie d’un article dont le titre entier s’intitule : « L’écriture inclusive : sous les bons sentiments se cache l’exclusion et la décadence« . En raison de la taille importante de l’article initial nous avons décidé de procéder à une publication en deux parties. Accès à la première partie).
Les freins au développement de l’écriture inclusive
Mais parallèlement au développement de l’écriture inclusive que s’est-il également passé ? On peut constater que des freins sont apparus.
Ainsi le 16 octobre 2010 le ministre de l’éducation nationale a déclaré être contre l’utilisation de l’écriture inclusive dans les manuels scolaires.
De même le 26 octobre 2017 l’Académie française a déclaré que « la multiplication des marques orthographiques et syntaxiques que l’écriture inclusive induit aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité. On voit mal quel est l’objectif poursuivi et comment il pourrait surmonter les obstacles pratiques d’écriture, de lecture – visuelle ou à voix haute – et de prononciation. Cela alourdirait la tâche des pédagogues. Cela compliquerait plus encore celle des lecteurs » (1).
Dans une circulaire en date du 21 novembre 2017 relative aux règles de féminisation et de rédaction des textes publiés au Journal officiel de la République française le Premier ministre Édouard Philippe a été dans l’obligation de formuler des encouragements à ne pas utiliser l’écriture inclusive (2).
Les assauts des tenants de la langue inclusive à l’encontre de la langue française continuant il a été envisagé d’en passer par la loi. Ainsi une proposition de loi du 28 juillet 2020 visait à interdire l’usage de l’écriture inclusive par toute personne morale publique ou privée qui bénéficie d’une subvention publique. Cette proposition de loi semble être bloquée devant la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’assemblée nationale (3).
Le blocage de cette proposition de loi pourrait devenir anecdotique avec le dépôt d’une autre proposition de loi. En effet très récemment, le 17 février 2021n le député LREM François Jolivet a annoncé qu’il va déposer une proposition de loi pour interdire l’usage de l’écriture inclusive par toute personne morale qui a en charge une mission de service public (4).
L’analyse de l’écriture inclusive
Si on raisonne avec du recul concernant l’écriture inclusive qu’est il possible de remarquer ?
Il est possible de remarquer qu’effectivement celle-ci rend des textes totalement illisibles. On ne peut pas sous prétexte d’égalité, qui en soit est une juste cause, faire n’importe quoi et proposer des choses absolument délirantes.
Les mots nouveaux dont nous avons donné des exemples ainsi que l’écriture avec des points médian démontrent parfaitement que cette prétendue écriture ne produit que des textes ilisibles qui ne ressemblent à rien. A ce stade ce n’est plus de l’écriture. C’est du charabia.
Il est aussi possible de constater qu’en réalité l’écriture inclusive n’est pas du tout inclusive en pratique. Bien au contraire avec cette écriture c’est l’exclusion assuré pour de nombreuses personnes.
En effet les personnes qui n’ont pas appris les règles délirantes souhaitées par les tenants de l’écriture inclusive vont être exclues de l’écriture et de la lecture. C’est le même sort qui attend les personnes dyslexiques ou dysorthographiques. Celles-ci ont déjà des problèmes de lecture. Elles vont être complètement perdues si la langue française est modifiée de cette façon. Il en va de même des personnes qui ont un handicap cognitif (5).
Toutes ces personnes non seulement vont être exclues de l’écriture et de la lecture mais aussi par voie de conséquence de la culture, de l’éducation, de l’accès à l’emploi, de l’évolution professionnelle, ou à tout le moins elles vont rencontrer des difficultés importantes, bien plus graves qu’à ce jour. Elles seront confrontées à une profonde inégalité.
On peut également remarquer que l’apprentissage du français par des personnes étrangères n’est pas forcément facile. Cet apprentissage va être encore plus compliqué avec la présence de ces nouvelles règles. Ces nouvelles règles sont tellement tordues que même nous français nous n’allons rien y comprendre alors on peut aisément imaginer que l’apprentissage du français pour des étrangers va être encore plus difficile qu’aujourd’hui.
Ceci est particulièrement grave alors que la langue française prend déjà du recul au niveau international. Elle est devenue très secondaire et ne peut que le devenir encore plus avec le développement de l’écriture inclusive.
L’écriture inclusive soit couvert d’un souhait de purification de la langue française pour mettre fin à une prétendue inégalité ne fait que démolir cette langue, va exclure de nombreuses personnes du domaine de l’écriture et de la lecture, va créer des inégalités et va rendre plus difficile l’apprentissage du français par les nationaux et par les étrangers.
L’écriture inclusive est une parfaite illustration de la décadence de la civilisation actuelle (6).
Note de bas de page :
(1) Lire la déclaration de l’Académie française.
(2) Consultation de la circulaire du 21 novembre 2017 relative aux règles de féminisation et de rédaction des textes publiés au Journal officiel de la République française.
(3) Consultation du dossier de la proposition de loi visant à interdire l’usage de l’écriture inclusive par toute personne morale publique ou privée bénéficiant d’une subvention publique, n° 3273 , déposé le mardi 28 juillet 2020.
(4) Lire l’article du Point du 16 février 2021 : « Illisible et discriminante : bientôt une loi contre l’écriture inclusive ? ».
(5) En ce sens voyez notamment l’article du Point du 22 juillet 2020 : « Lyon : l’écriture inclusive pose des problèmes aux handicapés ».
(6) Sur la décadence des civilisations vous pouvez lire le livre de Michel Onfray intitulé Décadence.