👩‍⚖️ Propositions de réformes concernant la justice et plus précisément les juges 🔍

« Ne faites jamais confiance à la justice de votre pays », tel est le titre adopté par Claude Butin pour son ouvrage éponyme, ce qui annonce nécessairement un regard défavorable sur la justice actuelle de notre pays.

Claude Butin sait de quoi il parle, car loin d’avoir un œil extérieur, il a participé de l’intérieur au fonctionnement de la justice, depuis son premier poste à Mayotte jusqu’à sa fonction de vice-président du tribunal de grande instance à Rouen. Dans ce livre, il nous explique son parcours personnel et professionnel, aussi bien avant d’entrer dans la magistrature que pendant la période relative à l’exercice de ses fonctions dans le monde de la justice. Au fil des pages, on découvre un monde de la justice particulièrement décevant, ainsi que plusieurs acteurs de cet univers dont les traits caractéristiques sont extrêmement négatifs.

C’est avec cet ouvrage que j’ai dĂ©cidĂ© de poursuivre la sĂ©rie « J’ai lu un livre ». En dĂ©butant la lecture de ce livre, j’ai eu la surprise de dĂ©couvrir une prĂ©face de Philippe Bilger, une personne bien connue dans le monde des mĂ©dias. S’il ne partage pas la totalitĂ© des propos contenus dans ce livre, on comprend, Ă  la lecture de cette prĂ©face, qu’il a apprĂ©ciĂ© la dĂ©couverte de son contenu.

Le livre de Claude Butin présente une dimension autobiographique, puisque son déroulement suit le parcours personnel et professionnel de son auteur. J’ai pris connaissance de certains commentaires qui regrettent cette dimension, les commentateurs affirmant qu’ils auraient souhaité avoir une vision plus large de la justice avec des exemples concrets qui ne seraient pas liés au vécu de Claude Butin. Il faut donc être conscient de cet aspect-là qui peut gêner une partie du public qui aimerait une approche plus générale de la justice. Les personnes qui désireraient lire un essai sur les dysfonctionnements du monde de la justice appréciés d’une façon générale et impersonnelle seront déçues. Cet ouvrage constitue plus une autobiographie avec des anecdotes personnelles qui peuvent, dans ces conditions précises, illustrer des dysfonctionnements de la justice.

Néanmoins, les indications de Claude Butin sur le fonctionnement de la justice résultent de son expérience professionnelle et constituent ainsi des exemples concrets reposant certes sur son seul vécu. Nous avons ainsi un témoignage de première main qui nous invite à nous interroger sérieusement sur la qualité de notre justice et sur les moyens pour remédier à son état actuel. Je vais faire par la suite des observations pour améliorer notre justice, en me basant sur des indications initialement faites par Claude Butin et en apportant ensuite mes propres réflexions.

On apprend Ă  la lecture de cet ouvrage que pour devenir juge, Claude Butin n’a pas suivi le parcours classique qui consiste en l’observation d’une pĂ©riode de formation Ă  l’Ă©cole nationale de la magistrature. Il a exercĂ© avant de devenir juge plusieurs professions qui n’ont rien Ă  voir avec le droit. Par la suite, il est devenu avocat et enfin il est rentrĂ© dans la magistrature.

J’apprĂ©cie ce type de cheminement dans la vie avant de devenir juge. J’estime que ceux qui rendent la justice doivent connaĂ®tre d’autres expĂ©riences professionnelles avant de pouvoir remplir correctement la dĂ©licate mission que l’État leur confie, au lieu de suivre la voie royale de l’École nationale de la magistrature qui constitue le chemin d’accès le plus frĂ©quent Ă  cette profession. Il me semble mĂŞme qu’ils devraient en baver un peu dans la vie, souffrir comme beaucoup d’entre nous. Car ceux dont les expĂ©riences professionnelles se limitent Ă  jouir de privilèges ne peuvent alors se confronter Ă  la rĂ©alitĂ© du commun des mortels. En cela, j’estime nĂ©cessaire de modifier les voies d’accès Ă  la magistrature en imposant l’exercice antĂ©rieur d’autres professions. Je pense aussi qu’il est requis de supprimer l’École nationale de la magistrature, dont l’Ă©chec est patent, tant la magistrature nous montre bien trop souvent son insuffisance professionnelle et son parti pris intellectuel pour ne pas dire idĂ©ologique.

La magistrature doit Ă  mon sens faire l’objet de modifications importantes dans ses modalitĂ©s d’accès et dans ses mĂ©thodes de formation.

Mais il faut aller encore plus loin. Il est intĂ©ressant que cet ouvrage soit Ă©crit de la main d’un homme alors que la magistrature est un corps qui se fĂ©minise de plus en plus. Au 1er janvier 2023, 71 % des juges Ă©taient des femmes, les hommes n’étant que 29 %. Cette quasi-omniprĂ©sence des femmes dans le monde de la justice s’avère toutefois insuffisante aux yeux des femmes qui estiment toujours ĂŞtre discriminĂ©es. Celles-ci regrettent notamment de ne pas accĂ©der suffisamment aux postes les plus Ă©levĂ©s et arguent d’une mobilitĂ© gĂ©ographique qui bĂ©nĂ©ficieraient plus facilement aux hommes qui accepteraient plus aisĂ©ment de vivre seuls sans leurs enfants pendant les semaines de travail.

Quelques années plus tôt, le ministère de la justice s’était engagé à favoriser les femmes dans le monde de la justice, notamment en ce qui concerne les demandes toujours d’actualité que nous venons d’évoquer.

Ainsi, ce n’est pas la compétence qui est prise en considération dans le monde de la justice, celles-ci s’effaçant devant la nature sexuelle de l’individu. Une telle situation, qui traduit un manque de sérieux évident, doit être corrigée. Seule la compétence d’une personne doit rentrer en ligne de compte pour l’accès à une profession et pour une évolution de carrière.

J’aimerais maintenant aborder un autre point, m’inspirant des propos de Claude Butin et les dĂ©veloppant avec ma propre analyse. Dans son livre, Claude Butin note que lorsque le juge rend la justice, il restitue ce qu’il a reçu en hĂ©ritage, autrement dit un ensemble de valeurs. Il envisage le risque qu’un juge soit mal intentionnĂ© ou corrompu et rende de mauvaises dĂ©cisions. Ceci peut influencer la perception des justiciables envers la justice, lesquels peuvent alors ne plus avoir confiance en elle. Ainsi, Claude Butin aborde l’impartialitĂ© et la neutralitĂ© du juge.

Un juge, à mon sens, ne peut jamais être totalement neutre et impartial, notions dont on peut d’ailleurs se demander si elles sont similaires ou distinctes. Il n’est pas une page blanche sur laquelle on va écrire un jugement. Le juge a son histoire, son vécu, ses expériences, ses opinions, ses convictions, et pire que tout, son idéologie.

Je dois sur ce point faire un rappel historique. Il faut en effet savoir que le syndicat de la magistrature avait lors de sa crĂ©ation le slogan suivant : « tout jugement est un acte politique ». Si ce slogan semble avoir disparu, son esprit est visiblement restĂ©, tant l’actualitĂ© nous montre une multitude de dĂ©cisions qui ne peuvent s’expliquer que par la volontĂ© de faire triompher une orientation politique. Car les juges ont leur calendrier qui n’est pas celui des justiciables ni celui de l’intĂ©rĂŞt commun.

Nous nous trouvons aujourd’hui face à un véritable gouvernement des juges, même si ceci pourrait être affiné en fonction des juridictions en cause. Certaines décisions trouvent leurs essences non pas dans la règle de droit mais dans une idéologie, la règle de droit ne devenant qu’un habillage juridique destiné à dissimuler la cause véritable.

La justice est dans un tel état en France que seul un véritable électrochoc pourrait éventuellement rétablir un semblant de confiance en elle. J’ai déjà indiqué présentement plusieurs mesures qu’il faudrait selon moi adopter. Je pense qu’il serait aussi nécessaire d’envisager les mesures suivantes, sur lesquelles vos opinions sont les bienvenues :

– les orientations politiques et idĂ©ologiques des juges devraient ĂŞtre connues,

– les juges ne devraient accĂ©der Ă  la profession que par une Ă©lection, pour une fonction qui aurait une durĂ©e limitĂ©e. Une profession de foi devrait indiquer les orientations politiques et idĂ©ologiques des juges. Des conditions de diplĂ´mes, d’âge et d’exercice antĂ©rieur d’autres professions, pendant une longue pĂ©riode, doivent ĂŞtre exigĂ©es.

– en parallèle l’école nationale de la magistrature doit ĂŞtre supprimĂ© et la prise en considĂ©ration de la nature sexuelle des individus disparaĂ®trait,

– la responsabilitĂ© des juges doit ĂŞtre accrue.

– le nom des juges doit ĂŞtre connu.

– le droit de se syndiquer doit ĂŞtre interdit.

– le syndicat de la magistrature doit ĂŞtre supprimĂ©.

J’ai bien conscience que ces propositions sont susceptibles de provoquer un tollé. Il reste une autre solution. Ne rien changer, et rien ne changera.

Si vous avez des commentaires, des questions ou si vous souhaitez partager vos rĂ©flexions, n’hĂ©sitez pas Ă  le faire dans la section commentaires de la vidĂ©o sur YouTube qui accompagne cet article. Je suis toujours ravi d’entendre votre point de vue et de susciter des discussions enrichissantes.