Alors que l’épidémie liée au Coronavirus ne cesse de s’amplifier, celle-ci vient de démontrer d’une façon inattendue l’une des absurdités des règles imposées par la législation européenne.
En effet craignant d’être contaminés par le Coronavirus Covid-19 de nombreux passagers ont renoncé à prendre l’avion. Or il se trouve que les compagnies aériennes au lieu de laisser les avions au sol lorsqu’ils sont vides ou quasiment vides de passagers préfèrent laisser les aéronefs décoller vers la destination prévue.
Ceci peut sembler d’autant plus surprenant que ces trajets induisent des coûts importants aussi bien en personnel que pour des autres charges, et plus particulièrement en ce qui concerne le carburant. Non seulement cela revient cher pour les compagnies aériennes, qui sont simultanément frappées par une baisse de leur chiffre d’affaires, ce qui a conduit récemment la compagnie Flybe a déposer le bilan, mais cela est également dommageable pour la planète en raison de la pollution, parfaitement inutile, ainsi engendrée.
L’explication à cette situation ahurissante résulte du contenu de la législation aérienne telle qu’elle découle des règles européennes et plus particulièrement du règlement n° 95/93 du Conseil européen du 18 janvier 1993 fixant des règles communes en ce qui concerne l’attribution des créneaux horaires dans les aéroports de la Communauté.
En effet chaque compagnie aérienne est bénéficiaire de créneaux horaires pour une durée annuelle. Pour ne pas perdre les créneaux horaires dont une compagnie est bénéficiaire elle doit faire en sorte de respecter au moins quatre-vingt pour cent de ses créneaux horaires. Si une compagnie ne respecte pas ce plancher alors à titre de sanction ses créneaux horaires peuvent être redistribués à une autre compagnie aérienne l’année suivante.
Il est donc vital pour une compagnie aérienne qui désire conserver ses créneaux horaires, ce qui est indispensable pour le maintien de son activité, de faire voler ses avions même si ceux-ci sont dépourvus de passagers.
Grande donneuse de leçon pour faire la chasse aux pollueurs et en particulier aux automobilistes en leur imposant des règles toujours plus contraignantes et déconnectées de la réalité l’Europe semble moins se soucier des avions qui polluent pour rien, si ce n’est pas respecter des règles d’un autre âge.
Pourtant le règlement précité peut permettre de suspendre l’obligation de respecter les créneaux horaires en cas de circonstances imprévisibles et irrésistibles, ce qui peut vraisemblablement correspondre à la situation actuelle.
Encore faudrait il toutefois que l’Europe souhaite aller en ce sens. En effet au début du mois de mars l’Association internationale du transport aérien (IATA) a formulé une demande de dérogation mais à ce jour il n’y a eu aucune réponse. Concernant les autorités françaises Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, a affirmé qu’il a demandé à la Commission européenne « que toutes les compagnies puissent conserver leurs créneaux aériens sans avoir à faire tourner leurs avions à vide ». Il restera à voir s’il a été entendu.
Pour aller plus loin :
Consultation du Règlement (CEE) n° 95/93 du Conseil du 18 janvier 1993 fixant des règles communes en ce qui concerne l’attribution des créneaux horaires dans les aéroports de la Communauté