Taxe sur les animaux : un nouveau risque pour la France ?

Depuis quelques jours, une vague d’articles de presse est apparue sur un sujet qui pourrait sembler insolite : la mise en place d’une taxe sur les animaux, plus précisément sur les chiens. Si cette taxe existe déjà chez nos voisins suisses et allemands, l’idée d’une telle imposition en France ne laisse pas indifférent. Bien que rien de concret n’ait été annoncé, cette idée revient régulièrement sur le devant de la scène, ravivant à chaque fois les inquiétudes de certains propriétaires d’animaux. Alors, doit-on craindre qu’une telle taxe voie le jour en France ?

1. Une taxe présente en Allemagne et en Suisse

En Allemagne, les propriétaires de chiens doivent s’acquitter d’une taxe annuelle qui varie en fonction de plusieurs critères : la localité, le nombre d’animaux et même la race. Ce système a permis à l’Allemagne d’engranger 421 millions d’euros en 2023. La Suisse, quant à elle, applique une taxe similaire, qui permet de récolter plusieurs dizaines de millions d’euros chaque année. En clair, pour ces deux pays, cette taxe n’est pas qu’une mesure anecdotique, elle représente une véritable source de revenus pour l’État.

Ces chiffres, largement relayés par la presse, ont de quoi susciter l’intérêt de certains dirigeants français, toujours en quête de nouvelles rentrées fiscales. En France, où l’on dénombre environ 9,9 millions de chiens, l’application d’une telle taxe pourrait rapporter près d’un milliard d’euros à l’État.

2. Pourquoi la France n’a-t-elle pas encore instauré cette taxe ?

La France a déjà expérimenté une taxe similaire dans le passé. Sous Napoléon III, cette imposition avait été introduite pour limiter le nombre de chiens errants. Elle est restée en vigueur jusqu’en 1971, avant d’être abolie sous la présidence de Georges Pompidou. Depuis, aucune mesure comparable n’a été mise en place.

Aujourd’hui, malgré l’absence d’une taxe sur les animaux en France, la crainte de son instauration reste vive dans l’esprit de nombreux citoyens. Ce n’est pas la première fois que cette idée fait surface, et chaque fois, elle suscite des débats passionnés. Certains craignent que ce soit un « ballon d’essai« , une manière pour les décideurs de tester la réaction de la population avant de proposer des mesures concrètes. D’autres pensent qu’une telle mesure pourrait être justifiée dans un contexte de crise économique, où l’État cherche désespérément de nouvelles sources de revenus.

3. Les risques d’une taxe pour les propriétaires d’animaux

Si une taxe sur les animaux était effectivement mise en place en France, les répercussions pourraient être multiples. Les associations de protection animale redoutent une vague d’abandons, les propriétaires n’étant plus en mesure de s’acquitter de cette nouvelle charge financière. Il faut rappeler que l’adoption d’un animal de compagnie, en particulier d’un chien, représente déjà un coût non négligeable. Ajoutez à cela les soins vétérinaires, souvent prohibitifs, et une taxe annuelle pourrait bien dissuader de nombreux Français de franchir le pas.

Le risque est d’autant plus préoccupant pour certaines populations, comme les personnes âgées ou isolées, pour qui l’animal est souvent le seul compagnon, le plus souvent un chat ou un chien, ces petits animaux qui apportent tant de bonheur dans la vie quotidienne. Une imposition supplémentaire pourrait rendre l’entretien d’un animal impossible pour ces personnes, augmentant ainsi leur sentiment de solitude et de détresse.

4. Un impact sur les adoptions et les abandons

L’instauration d’une taxe pourrait également avoir un effet dissuasif sur l’adoption d’animaux. Déjà, en France, de nombreuses familles hésitent à adopter en raison du coût de la vie qui ne cesse d’augmenter. Si une taxe venait s’ajouter à la liste des dépenses, de nombreux animaux risqueraient de rester dans les refuges, voire d’être abandonnés.

La France connaît déjà une situation alarmante en matière d’abandons d’animaux. Chaque année, des dizaines de milliers de chiens et de chats se retrouvent sans foyer. La mise en place d’une taxe ne ferait qu’aggraver la situation.

5. Aider au lieu d’imposer

Plutôt que de chercher à imposer les propriétaires d’animaux, il serait sans doute plus judicieux de mettre en place des mesures pour favoriser l’adoption et les soins aux animaux. En effet, un des freins principaux à l’adoption reste le coût des soins vétérinaires, qui peut parfois être exorbitant. Les factures liées à la santé de nos compagnons à quatre pattes peuvent rapidement s’envoler, laissant de nombreux propriétaires dans l’embarras.

Plutôt que d’instaurer une taxe, des mesures incitatives et solidaires permettraient de soutenir les propriétaires tout en veillant au bien-être des animaux. En ce sens on peut noter que le député Romain Daubié avait déposé le 5 décembre 2023, une proposition de loi établissant une réduction d’impôt au titre des dépenses supportées par un particulier pour stériliser et identifier un animal de compagnie.

6. Les solutions actuelles pour réduire les frais vétérinaires en France

Face aux craintes d’une possible taxe sur les animaux en France, il est crucial de se rappeler que plusieurs dispositifs existent déjà pour aider les propriétaires d’animaux à faire face aux coûts de soins. Ces options permettent de faire soigner son animal à moindre coût, voire gratuitement, ce qui est une aide précieuse pour les foyers modestes.

Voici un tour d’horizon des principales solutions accessibles :

a. Les dispensaires de la SPA

La Société Protectrice des Animaux (SPA) a mis en place 12 dispensaires répartis dans toute la France. Ces établissements permettent aux propriétaires à faibles revenus de bénéficier de soins vétérinaires gratuitement. Ces dispensaires permettent de faire stériliser, identifier, vacciner et soigner un animal. Les soins sont gratuits, une participation financière libre est appréciée pour soutenir ces structures, financées par des dons. Ces dispensaires sont situés à Paris, Le Petit Quevilly, Poulainville, Toulon, Le Cannet, Marseille, Lyon, Toulouse, Perpignan, Grenoble, Orléans, Lieven.

b. La fondation Assistance aux animaux

La fondation Assistance aux animaux propose également des dispensaires pour les propriétaires ayant des difficultés financières. Des services allant de la simple consultation à des interventions chirurgicales, comme la stérilisation ou l’exérèse de tumeurs, y sont proposés. Les soins ne sont pas gratuits mais la participation modeste demandée est bien inférieure aux tarifs pratiqués par un vétérinaire classique. Les dispensaires sont situés à Paris, Bordeaux, Brest, Marseille, Nice, Toulon et Strasbourg.

c. L’association « Vétérinaire pour tous »

Cette association vise à garantir des soins accessibles aux animaux dont les propriétaires disposent de faibles revenus. En partenariat avec les services sociaux et les collectivités, elle permet de soigner les animaux à un tarif réduit. Les bénéficiaires ne paient qu’un tiers du coût des soins, le reste étant couvert par l’association et les vétérinaires participants. Les soins sont gratuits pour les animaux des personnes sans domicile fixe.

Pour accéder à ces services, il est nécessaire de déposer un dossier sur la plateforme internet de l’association.

d. Les écoles vétérinaires

Les écoles vétérinaires permettent aux particuliers de faire soigner leurs animaux à des tarifs plus bas que ceux pratiqués en cabinet vétérinaire classique. En effet, ces écoles sont des lieux de formation où les étudiants, sous la supervision de professionnels, réalisent des consultations et divers soins. Les quatre écoles nationales vétérinaires sont situées à : Toulouse (ENVT), Lyon (VetAgro Sup), Nantes (Oniris), Maisons-Alfort (ENVA)

Que ce soit pour une simple consultation, des vaccins, des chirurgies ou des soins spécialisés comme l’ophtalmologie ou la cancérologie, ces écoles sont équipées pour répondre à divers besoins médicaux. Les tarifs sont moins élevés que dans les cabinets vétérinaires classiques.

En 2025 l’institut polytechnique Unisalle va ouvrir à Rouen un centre hospitalier pour son école vétérinaire. On s’attend à ce que les tarifs soient moins élévés que pour les cabinets vétérinaires, mais ils ne sont pas connus à ce jour.

7. Comment se préparer à une éventuelle taxe ?

Si cette taxe venait un jour à être instaurée, il serait important pour les propriétaires de chiens et d’autres animaux de se préparer financièrement. Pour ceux qui hésitent encore à adopter un animal, il pourrait être judicieux de se renseigner sur les frais récurrents liés à la possession d’un animal domestique et de prévoir un budget adapté.

Pour ceux qui souhaitent anticiper les coûts liés aux soins vétérinaires, il existe également des solutions comme les assurances pour animaux de compagnie, qui permettent de couvrir une partie des dépenses de santé de votre compagnon à quatre pattes.

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