Cyberattaque chez Free : fuite d’IBAN et risque pour les abonnés

En ce mois d’octobre 2024, Free, l’un des plus grands opérateurs télécoms en France, se retrouve au centre d’un scandale majeur de cybersécurité après avoir subi une importante cyberattaque. Cet incident, dévoilé progressivement par l’entreprise, a permis à des hackers de s’emparer de millions de données personnelles d’abonnés, incluant, selon certaines révélations récentes, des informations bancaires sensibles comme l’IBAN. Nous allons analyser les implications de cette fuite et les risques pour les abonnés, en insistant sur les défaillances de Free en matière de cybersécurité et de communication.

1. Un piratage massif aux multiples conséquences

Le premier email adressé aux abonnés par Free le 26 octobre 2024 indiquait qu’une cyberattaque avait permis à des pirates d’accéder à des informations personnelles telles que le nom, l’adresse, le numéro de téléphone, et des informations sur les abonnements. Free s’est montré rassurant en expliquant qu’aucun mot de passe ni information de carte bancaire n’avait été compromis, une affirmation réitérée publiquement.

Pourtant, seulement deux jours après ce premier message, Free a dû envoyer un second email aux abonnés touchés, cette fois en révélant que les hackers avaient également dérobé les IBAN, des informations bancaires cruciales permettant d’identifier les comptes des clients. Ce décalage a plongé de nombreux abonnés dans l’inquiétude, car une telle donnée peut être utilisée pour des fraudes bancaires, surtout lorsqu’elle est associée à d’autres informations personnelles, ce qui est précisément le cas ici.

2. Un manquement en matière de cybersécurité et de communication

Le retard de Free à communiquer sur le vol des IBAN est perçu par les abonnés comme une erreur de transparence. Lors d’une cyberattaque, informer les utilisateurs de la nature exacte des informations compromises est crucial pour que chacun puisse prendre des mesures adéquates. La mention tardive de l’IBAN a pu laisser plusieurs abonnés vulnérables, d’autant plus que des échantillons d’IBAN ont commencé à circuler en ligne dès les premières heures suivant le piratage. Ces faits soulèvent des interrogations sur la transparence et la sincérité de Free vis-à-vis de ses clients.

Cette situation soulève également des questions sur les protocoles de sécurité appliqués par Free pour protéger les données personnelles. Bien que des géants de la technologie soient également régulièrement victimes de cyberattaques, il est essentiel pour les opérateurs de télécommunications de mettre en place des systèmes de défense avancés, et de réagir rapidement et efficacement en cas de brèche.

3. Vente des données sur le marché noir

La situation s’est aggravée avec la révélation que le cybercriminel à l’origine de l’attaque a commencé à diffuser des échantillons d’IBAN sur le Dark Web, affirmant détenir 5,11 millions d’IBAN. Un échantillon de 100 000 IBAN a été mis en ligne, disponible gratuitement, ce qui pourrait être un acte provocateur en réponse à la communication tardive et incomplète de Free sur l’incident, exacerbant ainsi l’inquiétude des abonnés quant à la sécurité de leurs données.

Selon le compte SaxX sur X, la publication d’un échantillon de 100 000 IBAN s’est faite à 4h30 du matin sur le Dark Web. La base de données contenant ces informations sensibles serait mise en vente pour la somme de 70 000 dollars, après que les enchères aient démarré à partir de 10 000 euros. Cela représente un risque majeur pour les abonnés, car des données aussi sensibles peuvent être utilisées pour des activités frauduleuses, augmentant ainsi la vulnérabilité des victimes. La communication du cybercriminel, marquée par une référence au livre de Xavier Niel, « Une sacrée envie de foutre le bordel », souligne le climat chaotique engendré par cette attaque.

4. Quelles sont les conséquences possibles pour les abonnés ?

La présence de l’IBAN dans les informations volées modifie significativement le risque de fraude pour les abonnés. En effet, si un IBAN seul n’est généralement pas suffisant pour débiter un compte, il peut être utilisé pour diverses manipulations, surtout si le hacker possède également d’autres informations personnelles comme le nom, l’adresse ou le numéro de téléphone. Voici quelques risques associés :

Phishing bancaire renforcé : Avec l’IBAN et des informations personnelles, les cybercriminels peuvent se faire passer pour une institution bancaire et convaincre la victime de fournir des informations supplémentaires.

Prélèvements frauduleux : Bien que théoriquement un prélèvement nécessite l’autorisation du détenteur du compte, il existe des moyens pour les hackers de forger des mandats de prélèvement.

Risques de combinaisons de données : En disposant de l’identité complète et des coordonnées bancaires d’un abonné, les possibilités de fraudes par fausses identités et autres manipulations augmentent.

5. Comment se protéger après une fuite de données ?

Suite à ce piratage, Free a invité ses abonnés à la plus grande vigilance face aux tentatives de phishing. En parallèle, il est recommandé aux abonnés d’adopter des mesures de protection complémentaires :

Vérifier régulièrement son compte bancaire pour repérer les transactions suspectes et, le cas échéant, contester un prélèvement dans les treize mois suivant son exécution.

Éviter de répondre aux sollicitations par téléphone ou par email demandant des informations personnelles ou bancaires. En cas de doute, contactez directement votre banque ou Free via les canaux officiels.

Mettre en place des alertes bancaires afin de recevoir une notification en cas de transaction non autorisée sur le compte associé à l’IBAN.

6. Produits recommandés sur la cybersécurité

La cybersécurité est essentielle pour protéger vos informations et appareils en ligne. Voici quelques ouvrages recommandés pour vous aider à comprendre et à mettre en place des stratégies de protection :

La cybersécurité pour les Nuls : Découvrez les bases de la cybersécurité avec cet ouvrage de Joseph Steinberg, conçu pour vous apprendre à sécuriser vos données sensibles et éviter les tentatives de piratage.

Cybersécurité : tests d’intrusion des systèmes d’informations web : Lilian Fellice propose un guide complet pour comprendre les vulnérabilités des systèmes web, idéal pour ceux qui souhaitent approfondir leur maîtrise des tests d’intrusion et évaluer la sécurité de leurs systèmes.

Sécurité informatique – Ethical Hacking : Ce livre de Jacques Beirnaert-Huvelle, Rémi Dubourgnoux, Joffrey Clarhaut et Franck Ebel est un excellent choix pour comprendre l’ethical hacking et apprendre à identifier les menaces en ligne.

Ces ouvrages constituent une excellente ressource pour tous ceux qui souhaitent mieux se protéger contre les cyberattaques et maîtriser les concepts de sécurité informatique.

7. La responsabilité de Free et les attentes des abonnés

Les abonnés de Free attendent de la part de leur opérateur des mesures de protection de données plus efficaces et, surtout, une communication claire et transparente en cas d’incident. Suite à cette cyberattaque, Free a déclaré avoir renforcé ses dispositifs de sécurité, mais il est légitime de s’interroger sur l’efficacité de ces mesures, surtout lorsque des données aussi sensibles que l’IBAN se retrouvent en circulation.

De nombreux experts appellent également à une surveillance plus étroite des opérateurs en termes de cybersécurité et à des sanctions plus sévères en cas de manquements, afin d’encourager une meilleure protection des données. En parallèle, les abonnés victimes de ce piratage peuvent également envisager des recours, notamment par des signalements auprès de la CNIL.

8. Points à retenir

• Free a subi une cyberattaque massive, entraînant le vol de données personnelles et d’informations bancaires sensibles (IBAN) de ses abonnés.

• Free n’a pas mentionné le vol d’IBAN dans un premier temps, ne signalant ceci qu’après la diffusion publique d’IBAN volés.

• Les données personnelles sont en vente sur le Dark Web.

• L’IBAN, associé à d’autres données personnelles, peut faciliter des fraudes bancaires, y compris le phishing et les prélèvements frauduleux.

• Les abonnés sont encouragés à surveiller leurs comptes, à mettre en place des alertes bancaires, et à rester vigilants face aux sollicitations suspectes.