La Zone à Faibles Émissions (ZFE) de la métropole Toulon Provence Méditerranée, initialement prévue pour entrer en vigueur le 1er janvier 2025, vient de subir un nouveau report. L’annonce, justifiée par une qualité de l’air conforme aux normes européennes, a suscité des réactions variées, entre soulagement pour certains habitants et critiques acerbes des écologistes locaux. Cette décision soulève de nombreuses questions sur l’avenir de la transition écologique dans le Var.
Table des matières
1. Une mesure repoussée à une date encore incertaine
Depuis 2019, la ZFE de Toulon fait l’objet d’annonces successives et de reports multiples. Prévue pour interdire l’accès à la métropole aux véhicules les plus polluants, notamment ceux dotés de la vignette Crit’Air 5, cette zone devait couvrir sept communes, de La Crau à Ollioules.
Le dernier calendrier fixait son entrée en vigueur au début de l’année 2025 (votre notre article sur l’application de la ZFE à Toulon au 1er janvier 2025). Cependant, Gilles Vincent, vice-président de la métropole chargé de la transition énergétique, a récemment déclaré que cette échéance n’était plus d’actualité. « La qualité de l’air est conforme à la réglementation européenne », a-t-il affirmé, expliquant que la ZFE ne serait pas imposée pour le moment.
Malgré ces propos, aucune nouvelle date n’a été avancée, plongeant les habitants dans l’incertitude.
2. Pourquoi ce report ? Les raisons avancées par les autorités
La justification principale de ce report repose sur une conformité aux normes européennes de la qualité de l’air. Selon les autorités, les capteurs déployés dans la métropole indiquent que la pollution atmosphérique reste dans les limites réglementaires. Cette situation contraste avec des zones comme Paris ou Lyon, où les dépassements réguliers des seuils de pollution ont justifié des mesures strictes.
Cependant, des critiques émergent quant à la fiabilité et la répartition des capteurs. La conseillère métropolitaine Cécile Muschotti, figure de l’opposition écologiste, conteste ces affirmations : « Sur les questions de pollution de l’air, où sont placés les capteurs ? Moi, je voudrais connaître les mesures sur le boulevard de Strasbourg aux heures de pointe ».
En outre, l’impact économique potentiel sur les ménages précaires semble avoir pesé lourd dans cette décision. Avec environ 550 000 véhicules concernés, l’interdiction aurait touché en priorité les automobilistes ne disposant pas des moyens financiers pour remplacer leurs véhicules anciens par des modèles plus récents.
3. Réactions contrastées : entre soulagement et frustration
a. Les habitants et les travailleurs précaires
Pour une partie de la population, ce report est une bouffée d’oxygène. De nombreux Toulonnais, notamment les ménages modestes et les travailleurs indépendants, redoutaient l’impact financier d’une mise en œuvre en 2025.
« Je n’ai pas les moyens d’acheter une voiture électrique ou même une hybride d’occasion. Ce report, c’est une bonne nouvelle pour moi », confie Marc, un habitant de La Seyne-sur-Mer.
b. Les écologistes montent au créneau
Les opposants à ce report, notamment les écologistes, dénoncent une décision « contre-productive » pour la transition écologique. Ils pointent du doigt l’inaction de la métropole face à une opportunité de réduire durablement les émissions polluantes.
« Se contenter de dire que la qualité de l’air est conforme, c’est un prétexte pour éviter de prendre des mesures impopulaires », déplore une militante locale.
4. Les défis persistants : transports, ferries et alternatives
a. Un paradoxe persistant avec les ferries polluants
Si les autorités toulonnaises souhaitent justifier le report de la ZFE par des normes respectées, elles ne s’attaquent toujours pas suffisamment à une autre source majeure de pollution : les ferries. Ces navires, utilisant des moteurs diesel lourds, émettent des quantités considérables de particules fines et d’oxydes d’azote, surtout lorsqu’ils stationnent dans la rade.
Pour les Toulonnais, ce double standard est inadmissible :
« On pénalise les automobilistes, mais on continue d’accepter que des navires ultra-polluants accostent régulièrement. Où est la cohérence ? ».
Toutefois, des mesures sont en cours de déploiement pour réduire cette pollution maritime. L’électrification des quais du port de Toulon, annoncée comme devant être opérationnelle à l’été 2025 par Josée Massi, maire de Toulon, lors de l’émission Var Politiques diffusée sur BFMTV, permettra aux ferries de se connecter à une source électrique et d’éteindre leurs moteurs lorsqu’ils sont à quai. Cette initiative a nécessité un investissement total de 21 millions d’euros, dont 9 millions engagés par la Région Sud et 12 millions par la Chambre de Commerce du Var.
Cette infrastructure, capable de fournir de l’énergie à trois ferries ou à un navire de croisière et un ferry simultanément, marque une avancée dans la lutte contre les émissions maritimes. Le port de Toulon, qui accueille environ 1 200 accostages de navires internationaux chaque année, ambitionne de rendre 60 % de ces accostages durables, en limitant les émissions des navires connectés au système. Les 40 % restants, selon les prévisions, devraient durer moins de deux heures, afin de réduire leur impact environnemental.
Cependant, ces efforts s’inscrivent dans un contexte de préoccupations croissantes. L’arrivée de La Méridionale, une seconde compagnie de ferries, a suscité de nouvelles inquiétudes chez les riverains du quartier du Mourillon. Ceux-ci dénoncent les nuisances provoquées par les ferries, qu’il s’agisse du bruit ou des rejets émis par les fumées. Avec deux compagnies en activité, Corsica Ferries et La Méridionale, les craintes d’une aggravation de la pollution s’intensifient.
En réponse, la Métropole s’est engagée à limiter l’impact environnemental en imposant une jauge maximale de 1,5 million de passagers par an pour l’ensemble du trafic maritime lié aux ferries.
b. Des alternatives insuffisantes pour les habitants
Les transports en commun dans la région toulonnaise souffrent d’un manque de développement, rendant difficile la transition vers une mobilité durable.
• Transports publics : Bien que le réseau Mistral couvre une large partie de la métropole, il est souvent jugé insuffisant en termes de fréquence et de dessertes.
• Vélos et pistes cyclables : Malgré quelques efforts pour développer les infrastructures cyclables, Toulon reste loin des standards établis par des villes pionnières comme Strasbourg ou Grenoble en matière de mobilité douce. De plus, un problème persistant concerne l’usage des voies cyclables existantes : celles-ci ne sont pas toujours empruntées par les cyclistes, qui préfèrent parfois circuler sur les trottoirs, même lorsque des pistes dédiées sont disponibles. Ce comportement, bien qu’expliqué par certaines lacunes dans la continuité ou la qualité des pistes, soulève des inquiétudes quant à la sécurité des piétons, souvent exposés à des situations dangereuses.
• Covoiturage : Bien qu’encouragé, il reste peu structuré dans la région.
5. Prochaines étapes : quelle stratégie pour Toulon ?
Le report de la ZFE à une date non précisée soulève de nombreuses interrogations sur son avenir. Son application pourrait être influencée par le contexte politique local, notamment les prochaines élections municipales prévues pour 2026.
a. Un report aux allures stratégiques
La municipalité actuelle, qui avait initialement annoncé avec fermeté l’entrée en vigueur de la ZFE pour janvier 2025, pourrait avoir choisi ce report dans une perspective électorale. En repoussant une mesure perçue comme impopulaire par une partie des habitants, elle semble vouloir éviter d’alimenter un mécontentement susceptible d’impacter les résultats des urnes. Cependant, en cas de réélection, il n’est pas exclu que cette ZFE soit réintroduite, une fois le climat politique stabilisé.
b. Des positions politiques contrastées
Le futur de la ZFE semble étroitement lié aux orientations politiques des prochaines équipes municipales. Parmi les principales forces en présence :
• Les écologistes sont clairement favorables à une application rapide de la ZFE conformément à la logique de l’écologie punitive.
• À l’opposé, le parti Reconquête! a marqué l’actualité locale en exprimant une opposition résolue à la mise en place de la ZFE sur le territoire toulonnais, arguant que cela pénaliserait les ménages les plus modestes et les activités économiques locales.
6. Ouvrages critiques sur l’écologie politique
L’écologie politique, bien qu’omniprésente dans les débats contemporains, fait l’objet de critiques acerbes de la part de nombreux intellectuels et spécialistes. Ces ouvrages, parfois polémiques, explorent les dérives idéologiques, les contradictions et les impacts sociétaux de cette mouvance.
a. Présentation des ouvrages
Voici une sélection de trois ouvrages majeurs qui abordent ces thématiques sous différents angles :
a.1. Les illusionnistes – Climat, agriculture, nucléaire, OGM : l’enquête inédite sur les dérives de l’écologie politique
Auteurs : Géraldine Woessner et Erwan Seznec
Ce livre propose une enquête rigoureuse sur les facettes cachées de l’écologie politique. Les auteurs examinent comment des figures médiatiques telles que Cyril Dion, Sandrine Rousseau ou Greta Thunberg, sous des apparences bienveillantes, contribuent à imposer une idéologie qui bouleverse en profondeur nos sociétés.
Ils s’attaquent à des sujets sensibles comme :
• Le nucléaire : présenté comme un bouc émissaire malgré son rôle clé dans la réduction des émissions de CO₂.
• L’agriculture conventionnelle : décriée, mais indispensable pour nourrir une population mondiale croissante.
Cet ouvrage dévoile également l’influence croissante de l’écologie politique dans les sphères administratives et internationales, tout en dénonçant des propositions parfois extrêmes, comme la musique envisagée comme alternative aux pesticides ou la dictature érigée en modèle écologique.
a.2. La grande mystification : Écologie, une imposture qui ne dit pas son nom
Auteur : Jean de Kervasdoué
Jean de Kervasdoué, économiste de la santé et ancien directeur des hôpitaux, s’attaque à ce qu’il considère être une idéologie plus proche d’une religion que d’une science. À partir de faits documentés, il dénonce le sectarisme et la mauvaise foi de certains militants écologistes.
Parmi les questions abordées :
• Pourquoi bannir les moteurs thermiques alors qu’ils consomment de moins en moins ?
• Pourquoi refuser les OGM malgré leur potentiel pour l’agriculture ?
• Et surtout, pourquoi le nucléaire, pourtant parmi les énergies les plus propres, est-il systématiquement diabolisé ?
Ce livre constitue un plaidoyer pour une approche rationnelle et équilibrée de la protection de l’environnement, tout en mettant en garde contre les dangers d’un dogmatisme aveugle.
a.3. L’écologisme, nouveau totalitarisme ?
Auteur : Drieu Godefridi
Drieu Godefridi explore l’écologisme sous l’angle de son radicalisme idéologique. Selon lui, cette mouvance propose une vision liberticide de l’avenir, où l’ensemble des activités humaines serait bridé au nom de la lutte contre le CO₂.
Les thématiques développées incluent :
• L’anti-modernité : rejet de la voiture, de l’avion, de la viande, du nucléaire, et même de la vie à la campagne.
• Une idéologie anti-humaniste : l’écologisme s’inscrirait dans une volonté de contrôle et de réduction drastique des libertés individuelles.
• Un danger civilisationnel : il va jusqu’à comparer les prétentions de l’écologisme à celles des totalitarismes passés.
L’auteur s’interroge sur les conséquences à long terme de cette idéologie, qu’il perçoit comme une menace directe pour la société moderne et ses acquis.
b. Une réflexion nécessaire
Ces trois ouvrages invitent à prendre du recul sur les discours dominants de l’écologie politique. Ils soulignent l’importance d’un débat équilibré, fondé sur des données scientifiques et des perspectives pragmatiques, plutôt que sur des croyances dogmatiques.
Si ces visions critiques peuvent ne pas faire l’unanimité, elles apportent une contribution essentielle à une meilleure compréhension des enjeux et des défis qui entourent la transition écologique.
7. Points à retenir
• Report de la ZFE à Toulon : La mise en œuvre de la Zone à Faibles Émissions est reportée à une date indéterminée, justifiée par une conformité aux normes européennes de qualité de l’air.
• Critiques écologistes : Les opposants dénoncent un manque d’ambition environnementale et des mesures jugées insuffisantes face aux enjeux climatiques.
• Impact économique : Le report est perçu comme un soulagement pour les ménages modestes et les travailleurs indépendants, qui redoutaient les coûts liés à l’achat de véhicules conformes.
• Pollution maritime : Les ferries restent une source majeure de pollution, malgré des avancées comme l’électrification des quais prévue pour 2025.
• Insuffisance des alternatives de transport : Les lacunes des infrastructures de transport public, cyclables et de covoiturage limitent les options durables pour les habitants.
• Contexte politique : Le report pourrait être motivé par des considérations électorales en vue des municipales de 2026.
8. Liens utiles
Josée Massi, maire de Toulon, lors de l’émission Var Politiques diffusée sur BFMTV, annonçant la fin de l’électrification des quais du port de Toulon pour l’été 2025.
Sur BFMTV / Var : Toulon décide de reporter la ZFE.