L’intelligence artificielle s’impose peu à peu dans tous les secteurs, et le domaine juridique n’échappe pas à cette révolution. Copilot, l’IA de Microsoft intégrée à Windows via Edge et également accessible en ligne, se propose d’assister les professionnels dans leurs tâches quotidiennes. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une IA spécialisée en droit, on peut s’interroger sur son efficacité dans un environnement juridique. Dans cette configuration, Copilot est-il un allié de confiance ou un outil encore perfectible ?
J’ai eu l’occasion de tester Copilot dans un cadre juridique, en me limitant à quelques tâches spécifiques. Mon verdict est mitigé : si certaines fonctionnalités sont utiles, l’outil commet aussi des erreurs préoccupantes.
Table des matières
1. Présentation de Microsoft Copilot
Copilot est une intelligence artificielle développée par Microsoft. Intégrée à Edge via un volet latéral, elle est également accessible en ligne sans inscription. Son objectif est de faciliter diverses tâches : rédaction, calculs, synthèses et recherche d’informations.
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Dans le domaine juridique, on peut imaginer de nombreuses applications :
• Aide à la rédaction : reformulation et amélioration de textes juridiques.
• Calculs spécifiques : indexation de loyers, pénalités, intérêts de retard.
• Recherche d’informations : explication de concepts juridiques, résumés de jurisprudence.
• Assistance contractuelle : suggestion de clauses et relecture de documents.
Mais Copilot est-il vraiment capable d’accomplir ces tâches avec précision ?
2. Test de Copilot dans un cadre juridique
J’ai mis à l’épreuve Copilot sur plusieurs tâches courantes en droit, et les résultats sont contrastés.
a. Calcul de l’évolution des loyers : des erreurs inquiétantes
Premier test : demander à Copilot de calculer l’évolution d’un loyer en appliquant une formule simple :
• Ancien loyer / Ancien indice * Nouvel indice = Nouveau loyer
Réponse de Copilot : le résultat est donné avec la mention « approximativement« . Cette précision est surprenante, car en droit, on ne cherche pas une approximation mais un résultat exact.
Après vérification, le calcul était tout simplement erroné. D’autres tests avec des indices différents ont confirmé le problème : Copilot produit des erreurs de calcul, ce qui est inacceptable pour une utilisation juridique.
b. Recherche d’informations sur la SCI : confusion avec la SA
Autre test : une question simple sur un point précis concernant la Société Civile Immobilière (SCI).
Problème : Copilot a fourni une réponse incorrecte, en confondant les caractéristiques d’une SCI avec celles d’une Société Anonyme (SA).
Dans un contexte juridique, une erreur de ce type peut avoir de graves conséquences. Un professionnel du droit repérera immédiatement cette confusion, mais un particulier non averti pourrait être induit en erreur.
c. Rédaction et mise en forme d’un courrier juridique
Là où Copilot s’en sort mieux, c’est en matière de réécriture et de mise en forme.
J’ai soumis une ébauche de courrier et demandé une amélioration pour un rendu plus professionnel. Résultat : la reformulation était claire, fluide et adaptée au ton juridique attendu.
Même constat pour la correction d’un e-mail : Copilot a apporté des améliorations pertinentes, sans commettre d’erreurs majeures.
d. Proposition de clauses statutaires
Dernier test : la rédaction d’une clause spécifique pour des statuts d’entreprise.
Copilot a proposé un texte juridiquement correct, mais manquant parfois de précision. Il est nécessaire de revoir et affiner les formulations pour garantir leur conformité.
3. Copilot, un outil utile mais dangereux en droit ?
L’usage de Copilot dans un cadre juridique soulève plusieurs points d’attention :
a. Points positifs
• Bonne capacité de reformulation et d’amélioration stylistique des textes.
• Aide utile pour rédiger des documents types comme des e-mails ou des clauses générales.
• Facilité d’accès, sans inscription, via Windows et Edge.
b. Points négatifs
• Erreurs de calculs sur des formules simples.
• Confusion dans les concepts juridiques (exemple : SCI vs SA).
• Aucune garantie de fiabilité des informations fournies.
Dans un cadre juridique, ces défauts posent un risque majeur. Un avocat, un notaire ou un expert juridique saura repérer les erreurs et ne prendra pas Copilot au pied de la lettre. Mais un utilisateur non averti pourrait s’appuyer sur des réponses erronées, avec des conséquences potentiellement graves.
4. Alternative : des outils plus fiables pour les professionnels du droit
Si Copilot peut s’avérer utile pour des tâches basiques, il existe des solutions plus adaptées au monde juridique. Les grands éditeurs juridiques ont d’ailleurs investi le marché de l’IA : Lefebvre Dalloz propose GenIA-L, tandis que LexisNexis mise sur Lexis+ AI. Ces outils spécialisés semblent potentiellement offrir une fiabilité accrue pour l’analyse et la recherche juridique.
Pour des références solides et éprouvées, voici des ressources indispensables :
• Lexique des termes juridiques, de Serge Guinchard et Thierry Debard (Lefebvre Dalloz) – Un classique pour maîtriser la terminologie juridique et employer les termes adéquats. Voir sur Amazon.
• Mémento Sociétés civiles, par la rédaction des éditions Lefebvre Dalloz – Toutes les informations essentielles sur les sociétés civiles, avec modèles de statuts et exemples pratiques. Voir sur Amazon.
L’intelligence artificielle appliquée au droit reste encore en développement. Actuellement, elle doit être envisagée comme un soutien pour certaines tâches, mais en aucun cas comme un substitut aux professionnels et aux sources juridiques fiables. Pour mieux comprendre comment utiliser l’IA dans un cadre juridique, découvrez mon article dédié : l’IA et le droit : un outil d’appoint, pas un substitut.
5. Copilot, un outil encore trop imparfait pour le droit
Microsoft Copilot montre des promesses, mais il est encore loin d’être un assistant juridique fiable. Si certaines fonctionnalités sont intéressantes (reformulation, rédaction), les erreurs constatées en calcul et en interprétation des textes le rendent dangereux pour une utilisation sérieuse.
L’IA dans le domaine juridique a un fort potentiel, mais elle doit être utilisée avec prudence. Pour le moment, Copilot ne peut pas remplacer un professionnel du droit et doit être vu comme un simple outil d’appoint.
Et vous, avez-vous testé Copilot dans un cadre juridique ? Partagez votre expérience en commentaire !
6. Points à retenir
• Copilot est accessible via Edge et en ligne, mais n’est pas une IA spécialisée en droit.
• Il est performant pour la reformulation et la mise en forme de textes, notamment pour les courriers et les clauses générales.
• Il commet des erreurs importantes en calcul (ex. : indexation de loyers) et en documentation juridique (ex. : confusion entre SCI et SA).
• Les réponses fournies ne sont pas garanties fiables, nécessitant toujours une vérification par un professionnel du droit.
• Des solutions plus adaptées existent, comme GenIA-L (Lefebvre Dalloz) et Lexis+ AI (LexisNexis), ainsi que des références éprouvées (mémentos, lexiques).
• Copilot peut être un outil d’appoint, mais ne doit pas être utilisé sans validation par une source juridique fiable.
7. Lien utile
Accès au site de Copilot, l’IA générative développée par Microsoft.