Bien Prêter vs WeShareBonds : comparaison du crowdfunding

Les récents développements dans le secteur du financement participatif mettent en lumière les situations contrastées de deux plateformes concurrentes : WeShareBonds et Bien Prêter. Ces plateformes, qui se positionnent sur des créneaux similaires, sont désormais dans des trajectoires bien distinctes. De manière étonnante, ce sont les communications directes par email envoyées par ces entreprises à leurs investisseurs qui ont permis de mieux comprendre leurs stratégies actuelles et les défis qu’elles rencontrent. Ces échanges soulignent des réalités très différentes : d’un côté, la remise en question de WeShareBonds, et de l’autre, la croissance et l’innovation continues de Bien Prêter.

1. La situation délicate de WeShareBonds

Alors qu’elle se présentait comme une plateforme de financement participatif ambitieuse, WeShareBonds traverse actuellement une période critique, marquée par des décisions drastiques et des incertitudes sur son avenir.

a. Un email révélateur

Le 27 novembre 2024, un message adressé par WeShareBonds à ses investisseurs a soulevé des inquiétudes quant à l’avenir de cette plateforme de financement participatif. Ce courrier expose une série de mesures inhabituelles pour une entreprise de ce type :

Arrêt des nouveaux projets : WeShareBonds ne proposera plus de nouvelles opportunités d’investissement.

Réduction du personnel et des ressources logicielles : L’équipe a été considérablement réduite, concentrant désormais ses efforts sur le recouvrement des crédits existants.

Introduction de frais supplémentaires : Une commission de 2 % HT sera appliquée à partir de décembre 2024 sur les montants recouvrés pour financer cette nouvelle phase. Ces décisions semblent refléter une stratégie de repli dans un contexte difficile, marqué par une crise profonde du marché immobilier en France.

b. Les signes d’une mauvaise passe

En se retirant temporairement du marché, WeShareBonds semble rencontrer des difficultés. Les discussions sur des forums spécialisés, comme Argent-et-Salaire.com, confirment cette impression et l’inquiétude des investisseurs. Ceux-ci, bien que souvent habitués aux risques, manifestent une certaine désillusion face à la taxation annoncée et s’interrogent sur l’avenir de la plateforme. Les commentaires comme celui de « Jiheff » (« je crains fort que cela soit à notre détriment »), au sujet de la commission de 5 % HT, ou de « Cedre » (« Ciao ! ») traduisent un sentiment de lassitude parmi les prêteurs et des craintes sur l’avenir de la plateforme.

c. Une dépendance au marché immobilier

Le repositionnement stratégique de WeShareBonds, qui avait choisi de délaisser le financement des PME pour se concentrer sur l’immobilier, semble aujourd’hui remettre en question la pérennité de son modèle. Le message adressé par Tux sur le forum est à cet égard révélateur : « Wesharebonds a au moins 18 mois de retard (…). Maintenant, quand on voit les autres plateformes accro aux commissions continuer à proposer des dossiers, c’est un mauvais plan. » Ce retard dans l’anticipation des tendances du marché, couplé à une dépendance accrue à un secteur en difficulté, soulève des questions sur la pérennité du modèle économique de la plateforme.

d. Que retenir pour les investisseurs ?

Cette situation souligne l’importance de la diversification et de la vigilance. La commission de recouvrement de 2 % constitue une mauvaise annonce pour les investisseurs et pourrait réduire les rendements, limitant ainsi les perspectives d’investissement. De plus, les risques associés à la dépendance de WeShareBonds au marché immobilier devraient inciter les investisseurs à envisager d’autres solutions diversifiées. Patrick Setzekorn, administrateur du forum Argent-et-Salaire.com, insiste sur l’importance de diversifier ses sources d’information et d’analyser rigoureusement les risques avant de s’engager.

e. Perspectives et recommandations pour l’avenir

La mise en sommeil de l’activité commerciale de WeShareBonds est un signal fort des difficultés rencontrées par les plateformes de financement participatif spécialisées dans l’immobilier. Si cette décision témoigne d’une volonté de transparence et de gestion rigoureuse des crédits existants, elle soulève également des doutes sur la capacité de la plateforme à se réinventer dans un contexte économique incertain.

2. WeShareBonds, nouvel épisode du recentrage stratégique de La Banque Postale ?

Alors que l’avenir de WeShareBonds semble s’assombrir, il est nécessaire de se pencher sur les choix stratégiques de La Banque Postale, qui détient depuis 2016 une participation dans le capital de WeShareBonds à hauteur de 10 %.

a. Le tournant de la nomination de Stéphane Dedeyan comme Président du Directoire

Le 18 octobre 2023, Stéphane Dedeyan a été nommé président du directoire de La Banque Postale. Il devient alors également directeur général adjoint du groupe La Poste, membre de son comité exécutif. Stéphane Dedeyan assurait toutefois l’intérim de la présidence du directoire de La Banque Postale depuis le 3 août 2023. Cette nomination allait entraîner une modification de la stratégie de La Banque Postale, notamment concernant les sociétés détenues par le groupe, que ce soit avec une détention totale du capital ou avec une simple participation minoritaire.

b. La fermeture de Ma French Bank

Lancée en juillet 2019 par La Banque Postale, Ma French Bank avait pour ambition de devenir un acteur clé dans le domaine des banques mobiles, avec un objectif d’un million de clients. Toutefois, cette filiale n’a jamais trouvé de modèle économique viable, ne parvenant pas à atteindre ses objectifs de rentabilité.

Peu après la nomination de Stéphane Dedeyan au poste de Président du directoire, La Banque Postale a annoncé, le 21 décembre 2023, sa décision de fermer progressivement Ma French Bank entre juin 2024 et l’été 2025.

Afin de faciliter cette transition pour ses clients, La Banque Postale a mis en place plusieurs mesures incitatives pour encourager les utilisateurs de Ma French Bank à ouvrir un compte auprès de La Banque Postale. Ces initiatives comprenaient notamment une prime de bienvenue sous conditions pour l’ouverture d’un compte courant, ainsi que des avantages pour limiter l’impact de cette fermeture et conserver sa clientèle au sein du groupe.

Si Ma French Bank ne concerne pas spécifiquement le financement participatif, sa fermeture illustre néanmoins la volonté de La Banque Postale de se recentrer sur son cœur de métier en limitant ses incursions dans des projets purement digitaux, qui se sont révélés difficilement viables.

c. La cession de KissKissBankBank par La Banque Postale à Ulule

À partir de septembre 2024, la presse a relayé la volonté de La Banque Postale de se séparer de KissKissBankBank, la plateforme de financement participatif qu’elle avait acquise en 2017. C’est finalement Ulule qui a racheté cette entreprise, comme l’a annoncé un communiqué de presse daté du 2 décembre 2024.

Bien que le communiqué commun des deux entreprises soit élogieux et intitulé « Ulule et KissKissBankBank.com s’allient pour créer le leader français et européen de l’accompagnement des créateurs et entrepreneurs », cela ne doit pas occulter le fait que, malgré un historique respectable de 27 000 projets financés et une communauté de 2,73 millions de citoyens, KissKissBankBank n’a jamais atteint la rentabilité. Cette situation a contribué à rendre son avenir incertain. La plateforme était devenue un poids pour La Banque Postale, qui a opté pour sa revente afin de se recentrer sur ses activités essentielles dans un marché bancaire en constante évolution.

c. La cession de Lendopolis au profit de Lendosphere

KissKissBankBank constituait en réalité un groupe de sociétés dont la vente a été réalisée par étapes. Ainsi, dans un communiqué de presse daté du 4 novembre 2024, La Banque Postale annonçait déjà la cession de Lendopolis, une filiale de KissKissBankBank & Co, à Lendosphere, une filiale du Groupe 123 Investment Managers. Cette opération initiait la volonté de La Banque Postale de se recentrer sur ses activités essentielles, en se séparant de ses participations dans le financement participatif, un secteur qui n’était plus en phase avec sa stratégie.

d. Des consolidations dans le domaine du financement participatif… avant la cession de WeShareBonds

Les cessions effectuées par La Banque Postale témoignent d’une tendance à la consolidation dans le secteur du financement participatif, avec des opérations telles que le rachat de KissKissBankBank par Ulule ou de Lendopolis par Lendosphere. Ce mouvement s’inscrit dans une dynamique déjà amorcée, comme l’illustre l’acquisition de Crédit.fr par October.

Dans ce contexte, la situation de WeShareBonds, qui semble rencontrer des difficultés, soulève la question de son avenir. L’entreprise pourrait-elle, elle aussi, devenir une cible pour un autre acteur du marché ? Au vu des décisions récentes prises par La Banque Postale, il semble plausible qu’elle ne serait pas opposée à la cession de WeShareBonds. Toutefois, il convient de rappeler qu’elle ne détient qu’une participation minoritaire dans cette société, et que la décision finale serait soumise à l’accord de l’ensemble des associés.

3. En contraste : Bien Prêter, une plateforme innovante

Alors que le marché du financement participatif traverse une période difficile, Bien Prêter se distingue par son dynamisme et ses innovations, attirant l’attention des investisseurs malgré quelques défis récents.

a. Le crowdfactoring : une innovation clé

Bien Prêter a introduit le concept de crowdfactoring, une combinaison innovante de crowdlending et d’affacturage. Ce modèle permet aux entreprises de transformer leurs factures clients non échues en liquidités immédiates, grâce au financement participatif.

Voici comment cela fonctionne :

Pour les entreprises : Une solution rapide pour améliorer leur trésorerie, sans attendre les délais de paiement souvent longs.

Pour les investisseurs : Une opportunité de prêter à court terme tout en bénéficiant de rendements attractifs.

Avec des taux d’investissement pouvant atteindre 10 % ou plus pour des durées de seulement quelques mois, ce modèle attire l’attention. De plus, dans le passé, Bien Prêter a parfois absorbé les pertes sur certains défauts grâce à ses propres fonds, une démarche rare dans le secteur.

b. Un Black Friday 2024 record

Le 29 novembre 2024, Bien Prêter a frappé fort avec une opération spéciale Black Friday :

• 33 projets proposés à un taux exceptionnel de 14 %.

• Bonus pour les investisseurs automatisés : Un cashback de 1 %, augmentant les rendements jusqu’à 16 % pour un investissement sur 6 mois.

Cette initiative a aussi mis en avant une diversification sectorielle impressionnante, incluant l’art, l’événementiel, et l’agro-alimentaire.

c. Des défis techniques à surmonter

Malgré cet engouement, Bien Prêter a rencontré des problèmes techniques lors de l’événement :

Pannes du robot d’investissement : Cela a conduit à des annulations et reprogrammations de collectes.

Critiques sur la répartition des projets : 70 % des opportunités ont été réservées aux utilisateurs automatisés, suscitant des frustrations parmi les investisseurs manuels.

L’équipe de Bien Prêter a reconnu ces difficultés et s’est engagée à tirer les leçons de cet épisode pour améliorer les futures campagnes.

4. Produits recommandés pour optimiser vos investissements participatifs

Pour maximiser vos rendements en financement participatif et mieux gérer vos placements, il est essentiel de s’appuyer sur des outils et des ressources adaptés. Voici une sélection de livres spécialisés et d’outils pratiques pour approfondir vos connaissances et affiner vos stratégies :

Le guide complet pour débuter en crowdlending immobilier : investir rapidement et en toute confiance, par Xéver Capro. Ce livre constitue une excellente introduction au crowdlending immobilier, offrant des conseils clairs et précis pour investir en toute sérénité. Idéal pour les débutants comme pour les investisseurs souhaitant affiner leur approche. Voir sur Amazon.

Boostez votre épargne avec le Crowd Lending : le placement nouvelle génération, par Régis BRYMAN. Une ressource incontournable pour découvrir les bases du crowd lending et ses avantages. Ce guide pratique explique comment tirer parti de cette méthode d’investissement innovante pour faire fructifier son épargne. Voir sur Amazon.

En complément, pensez à investir dans des outils pratiques pour suivre vos placements, comme des carnets de gestion de budget ou des logiciels de comptabilité. Ces solutions peuvent grandement faciliter la gestion quotidienne de vos investissements.

5. Astuces pour réduire les risques d’investissement

Investir via le financement participatif comporte toujours un risque de perte. Pour limiter ces risques :

ces risques :

• Diversifiez vos investissements : répartissez vos fonds sur plusieurs projets et secteurs.

• Utilisez plusieurs plateformes : ne concentrez pas vos placements sur une seule solution.

• Évaluez les entreprises emprunteuses : étudiez leurs bilans financiers et leur secteur d’activité.

• Privilégiez les projets courts : les investissements à court terme permettent un retour rapide et réduisent l’exposition aux risques économiques.

6. Points à retenir

Diversifiez vos investissements : répartissez vos fonds sur plusieurs projets et secteurs.

Utilisez plusieurs plateformes : ne concentrez pas vos placements sur une seule solution.

Évaluez les entreprises emprunteuses : étudiez leurs bilans financiers et leur secteur d’activité.

Privilégiez les projets courts : les investissements à court terme permettent un retour rapide et réduisent l’exposition aux risques économiques.

7. Liens utiles

• Accès au site BienPreter.com.

• Accès au site WeShareBonds.

• Discussion sur Argent et Salaire.