Je souhaite évoquer avec vous plusieurs projets en cours ou, selon le cas, réalisés par Emmanuel Macron, et plus largement par la macronie. Je vous propose de lister ceux-ci avant d’en tirer des enseignements.
Alors que l’interruption volontaire de grossesse (IVG) vient juste d’être inscrite dans la Constitution, la macronie, et plus généralement ceux qui font la promotion de l’avortement, sont déjà à la manœuvre pour aller encore plus loin.
Au niveau interne, la ministre Aurore Berger a annoncé son intention de réécrire le décret qui autorise les sages-femmes à pratiquer les interruptions volontaires de grossesse instrumentales pour assouplir les conditions imposées pour la pratique de ces interruptions. Elle se prononce également pour la suppression de la clause de conscience spécifique au refus de pratiquer une IVG pour des raisons morales ou religieuses, dont bénéficient les médecins, sages-femmes et infirmiers, prenant ainsi la suite de La France Insoumise (LFI) et d’associations féministes qui vont dans un sens similaire.
Certains médias, soit de leur propre initiative, soit en reprenant des propos de personnalités politiques, diffusent par ailleurs des informations de nature à banaliser l’IVG. Celle-ci est en effet présentée comme constituant un simple moyen de contraception, ce qui peut inciter des personnes à ne pas prendre de précaution pour ne pas tomber enceinte. Dans cette vision, l’IVG deviendrait une simple banalité dans la vie d’une femme, conception en totale contradiction avec le vécu des femmes qui ont souffert en raison de l’IVG.
Rappelons que lors de l’adoption de la loi relative à l’IVG, l’avortement avait été présenté comme devant constituer une exception. La volonté de faire disparaître cette vision limitative est clairement exprimée à notre époque. Concernant l’IVG, il existe un effet cliquet consistant à en vouloir toujours plus. C’est un phénomène observable pour tous les sujets que souhaitent promouvoir les forces de progrès, terme particulièrement inadapté puisqu’elles constituent en réalité les forces de la décadence, voire les forces du mal. La situation est à chaque fois la même. Elles présentent différentes mesures en affirmant qu’elles vont s’arrêter à ce stade, puis lorsqu’elles ont obtenu ce qu’elles désirent, elles présentent d’autres mesures, en affirmant de nouveau qu’elles s’arrêteront à ce niveau, et lorsqu’elles obtiennent ces nouvelles mesures, elles procèdent de nouveau de même, il n’y a aucune fin à cette façon de procéder. Il est d’ailleurs possible que lors de l’adoption de la loi relative à l’IVG, ceux qui avaient présenté l’avortement comme étant une exception avaient déjà en tête cet effet cliqué. Ils avançaient ainsi masqués pour mieux tromper nos concitoyens.
Au niveau européen, c’est directement Emmanuel Macron qui a pris l’initiative puisqu’il a proposé d’inscrire l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, se positionnant ainsi dans le prolongement de la commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale qui le 08 mars 2023 avait adopté un avis politique allant en ce sens et du Parlement Européen qui s’était prononcé en ce sens le 21 juillet 2022.
L’avortement n’est pas le seul terrain sur lequel Emmanuel Macron entend se placer actuellement. Il s’attache à instaurer l’euthanasie sans prononcer ce mot, lui préférant l’expression « aide à mourir ».
Concernant le corps des défunts, le gouvernement envisage d’en faire du compost, un groupe de travail visant à étudier cette proposition vient d’être annoncé par ledit gouvernement, ce dispositif étant présenté comme plus respectueux de l’environnement ce qui semble contredit par la réalité. En effet, des expériences d’humusation ont été faites en Belgique avec une issue négative, notamment en raison d’un risque de pollution des cours d’eau, ce qui a conduit à une réaffirmation début 2024 de l’interdiction de cette pratique sur l’ensemble du territoire national belge.
Marie Guévenoux, ministre déléguée chargée des outre-mer me confirme qu’un groupe de travail sous l’égide du Conseil d’État sera constitué au 1er semestre 2024.
@rdse_senat @PartiRadical #humusation pic.twitter.com/c2fWVynN4i— Bernard Fialaire (@BernardFialaire) March 7, 2024
A la suite de ces différents projets, je pense que l’on peut ajouter la déclaration d’Emmanuel Macron portant sur la possibilité d’envoyer des troupes au sol combattre contre la Russie.
Il est possible de tirer des enseignements concernant ces projets.
Le premier enseignement réside dans le fait qu’ils ont tous une connotation particulièrement morbide et qu’ils visent tous les âges de la vie, de la conception au grand âge en passant par la fleur de l’âge, et même la période post mortem.
Il s’avère très inquiétant pour l’avenir d’un pays d’avoir à sa tête une personne qui donne l’impression d’avoir un grand intérêt pour les sujets les plus morbides au lieu de s’intéresser au développement et aux intérêts des personnes vivantes. Son intérêt à ce sujet est tellement intensif qu’il a fait de notre constitution un texte où la mort trône, ceci sous des applaudissements venant de tous bords, confirmant ainsi l’existence d’un véritable suicide français à l’instar du livre si bien nommé d’Eric Zemmour. On peut, avec les plus grandes craintes, se demander jusqu’où va nous conduire cette dégradation du respect dû à l’être humain.
Le second enseignement réside dans le fait que les sujets sur lesquels ces projets portent sont particulièrement clivants et peuvent mettre en difficulté les opposants à la macronie. Les différentes initiatives politiques que nous venons de passer en revue permettent de cacher les véritables difficultés que rencontre notre pays, de fracturer encore un peu plus la société, et de jeter l’opprobre sur les adversaires politiques, en particulier sur Jordan Bardella et le Rassemblement National (RN) qui sont clairement dans le viseur d’Emmanuel Macron en raison des résultats positifs qu’ils pourraient obtenir lors des prochaines élections européennes, si l’on en croit les sondages actuels.
Et cela marche. Les députés RN se sont divisés sur la question. Jordan Bardella s’est réjoui de l’inscription de l’IVG dans la Constitution alors que quelques courageux députés RN ont voté contre cette inscription. Cette période peut avoir brouillé l’image du RN auprès d’une partie de ses électeurs.
Un troisième enseignement pourrait concerner l’attitude d’Emmanuel Macron concernant d’autres membres de l’Union Européenne. Il n’est un secret pour personne qu’Emmanuel Macron fait allégeance à l’Union Européenne, mais cela peut ne pas l’empêcher d’avancer ses propres pions contre d’autres membres de l’Union Européenne lorsque cela lui semble nécessaire. Je précise bien « ses propres pions » et non ceux de la France. Deux séquences permettent d’observer cette situation.
La première séquence réside dans sa volonté d’inscrire l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Plusieurs pays européens ont une législation limitative voire prohibitive concernant l’avortement. A Malte l’avortement est interdit et il est strictement réglementé en Hongrie et en Pologne, même si pour ce dernier pays des modifications en faveur de l’avortement sont envisagées.
L’inscription de l’avortement dans la charte des droits fondamentaux suppose l’accord unanime des vingt-sept membres de l’Union européenne. Il semble donc probable que ce projet de modification n’aboutisse pas, toutefois certaines pressions, notamment financières, pourraient être exercées par la commission à l’encontre des pays récalcitrants pour arracher leurs accords.
Ce sujet, quelle que soit la façon dont il serait finalement tranché, pourrait raviver les tensions autour de la notion de souveraineté dont disposent chaque État, leur rappelant les dangers de l’Union européenne qui n’a que faire de leurs législations nationales, préférant imposer ses propres règles au mépris des spécificités et intérêts de chaque pays.
La seconde séquence réside dans la déclaration d’Emmanuel Macron portant sur la possibilité d’envoyer des troupes au sol combattre contre la Russie. Plusieurs observateurs indiquent que la défaite de l’Ukraine est inévitable et devient de plus en plus visible. Dans un entretien donné à TV Liberté Xavier Moreau indique que les propos d’Emmanuel Macron pourraient avoir pour but de disposer à terme d’un argument pour affirmer que cette défaite est imputable aux autres membres de l’Union et non à la France car lui, Emmanuel Macron, aurait tout fait pour éviter la défaite, allant jusqu’à proposer l’envoi de troupes au sol. Ceci couperait l’herbe sous le pied aux Allemands qui pourraient eux reprocher à la France de ne pas avoir envoyé assez de matériels et d’armes pour aider l’Ukraine.
Ces différents éléments permettent de considérer que les projets en cours et les initiatives de la macronie soulèvent des préoccupations profondes quant à la direction dans laquelle le pays se dirige. L’obsession pour des questions aussi sensibles que l’IVG, l’euthanasie, la guerre et même le traitement des défunts révèle une vision de la société marquée par une certaine froideur et une indifférence envers la dignité humaine. De plus, l’utilisation de ces sujets comme des outils politiques pour diviser et affaiblir l’opposition démontre un cynisme troublant dans la poursuite du pouvoir.