Les erreurs de Sarah Knafo sur France Travail : analyse critique

Publié le 29 décembre 2024.
Mis à jour le 02 janvier 2025.

Le 6 décembre, Sarah Knafo, eurodéputée Reconquête !, s’est exprimée sur le marché de l’emploi au micro de Sud Radio, soulevant de vives réactions. Elle a notamment critiqué France Travail, le successeur de Pôle Emploi, en comparant ses 54 000 employés à ceux de LinkedIn, qui, avec seulement 16 000 salariés, revendique 900 millions d’utilisateurs. Dans une intervention ultérieure dans Touche Pas à Mon Poste, elle a ajouté qu’en 2017, seulement 12 % des chômeurs avaient trouvé un emploi via France Travail, en s’appuyant sur des chiffres de l’INSEE.

Ces propos ont suscité une réponse immédiate du directeur général de France Travail, Thibaut Guilluy, également sur Sud Radio. Toutefois, une analyse plus approfondie montre que Sarah Knafo a commis plusieurs erreurs d’interprétation, illustrant les limites de son raisonnement.

1. France Travail : un constat d’échec

Les chiffres avancés par Sarah Knafo montrent une réalité indéniable : France Travail échoue dans 88 % des cas. Mais au-delà de ce pourcentage, il est crucial de préciser que dans les 12 % de « succès », ce ne sont pas les agents de France Travail qui trouvent directement un emploi pour les demandeurs. Ce sont toujours les demandeurs d’emploi eux-mêmes qui décrochent leur contrat, grâce à leurs démarches personnelles.

Cela révèle une vérité troublante : France Travail ne joue qu’un rôle indirect, se limitant à des services tels que l’aide à la rédaction de CV ou à la préparation d’entretiens. Ces prestations, bien souvent externalisées auprès de prestataires privés, contribuent peu à résoudre le problème structurel du chômage.

En réalité, France Travail semble surtout bénéficier à l’État (par la gestion administrative des chômeurs), à son personnel, et aux entreprises prestataires. Pour les demandeurs d’emploi, son utilité réelle reste limitée.

2. LinkedIn : une comparaison biaisée

Sarah Knafo a également comparé France Travail à LinkedIn, soulignant la différence d’échelle et d’efficacité entre les deux. Mais ce parallèle ignore une donnée essentielle : les publics cibles de ces deux structures sont fondamentalement différents.

Sarah Knafo sur Sud Radio, discutant de France Travail et de LinkedIn
Sarah Knafo répond aux questions de Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, abordant les critiques sur France Travail et la comparaison avec LinkedIn.

LinkedIn, plateforme internationale, s’adresse principalement à des profils qualifiés et spécialisés. Les postes publiés y concernent souvent des responsabilités techniques ou managériales, excluant de facto une grande partie des demandeurs d’emploi occupant des fonctions plus élémentaires.

France Travail, en revanche, a une mission généraliste, visant à accompagner une population plus large, y compris des personnes peu qualifiées ou éloignées de l’emploi.

Le public de France Travail et celui de LinkedIn n’étant pas réellement le même, la comparaison semble donc mal ajustée. Une comparaison entre LinkedIn et l’APEC (Association Pour l’Emploi des Cadres), qui ciblent toutes deux des profils qualifiés, serait plus pertinente sur ce plan.

3. Un marché de l’emploi en ligne éclaté

Le marché de l’emploi en ligne souffre aujourd’hui d’une fragmentation excessive. De nombreuses plateformes se disputent les offres et les candidats, créant un paysage chaotique :

Redondance des annonces : les mêmes offres se retrouvent sur plusieurs plateformes, générant une sensation trompeuse d’abondance.

Complexité du processus de candidature : certaines annonces obligent les utilisateurs à créer plusieurs comptes pour postuler, rendant le processus fastidieux.

Labyrinthe numérique : il n’est pas rare qu’une annonce unique renvoie d’un site à un autre, perdant les candidats dans un enchevêtrement de liens.

Forçage des données personnelles : certaines plateformes insistent pour collecter des informations personnelles sous prétexte d’améliorer l’expérience utilisateur, mais cette pratique peut compromettre la confidentialité des données. Cela expose les utilisateurs à des risques accrus de spam ou d’utilisation abusive de leurs informations.

Surcharge d’information : de nombreux sites envoient des emails, des newsletters ou des notifications, encombrant les boîtes de réception. Les utilisateurs se retrouvent contraints de filtrer manuellement ces messages ou de se désabonner, ce qui ajoute une frustration inutile.

Sarah Knafo sur le plateau de TPMP de Cyril Hanouna, discutant de France Travail et LinkedIn
Sarah Knafo sur le plateau de Touche Pas à Mon Poste, répétant ses propos sur France Travail et sa comparaison avec LinkedIn.

Avant 2005, les entreprises étaient tenues de publier leurs annonces sur une plateforme centrale (l’ancêtre de France Travail), garantissant une meilleure visibilité pour les demandeurs d’emploi. La suppression de cette obligation, motivée par une volonté de libéralisation, a contribué au chaos actuel. Cette fragmentation ne profite ni aux employeurs, ni aux demandeurs d’emploi.

4. Une réforme nécessaire pour le marché de l’emploi

Pour remédier à cette situation, il serait judicieux de réintroduire une obligation pour les entreprises de publier leurs offres sur une plateforme centralisée, accessible à tous. Cela permettrait de :

• Simplifier les recherches pour les demandeurs d’emploi.

• Améliorer la transparence des opportunités sur le marché du travail.

• Réduire la domination de plateformes comme LinkedIn, qui ne répondent pas aux besoins de tous les profils.

5. Produits pour mieux comprendre le marché de l’emploi

Si vous souhaitez approfondir votre compréhension des dynamiques de l’emploi, voici deux ouvrages disponibles sur Amazon qui peuvent vous éclairer :

Réfléchissez et devenez riche, de Napoleon Hill : Ce classique de la littérature sur le développement personnel et professionnel offre des outils pour transformer vos idées en opportunités concrètes. Voir sur Amazon.

Créer sa boîte pour les Nuls, de Laurence de Percin : Un guide pratique pour se lancer dans l’entrepreneuriat et sortir des sentiers battus du salariat. Voir sur Amazon.

Ces livres sont des ressources précieuses pour diversifier vos approches face au marché de l’emploi.

6. Les erreurs de Sarah Knafo : une analyse globale

Sarah Knafo a soulevé des problématiques réelles, mais son analyse reste incomplète et comporte plusieurs biais :

Sur France Travail : les chiffres avancés reflètent un échec systémique, mais ne tiennent pas compte de la contribution indirecte et limitée de l’organisme dans les résultats positifs.

Sur LinkedIn : la comparaison avec cette plateforme élitiste néglige les différences fondamentales entre leurs publics cibles.

Sur le marché de l’emploi en ligne : elle ne mentionne pas les effets de la fragmentation des plateformes sur l’efficacité des recherches et sur la confidentialité des données personnelles.

Les propos de Sarah Knafo ont permis de mettre en lumière des failles importantes dans notre système de gestion du chômage et sur le marché de l’emploi en ligne.

Cependant, ses arguments manquent de profondeur et d’une vision systémique. Une réforme efficace nécessiterait de centraliser les offres d’emploi, d’accompagner davantage les demandeurs dans leurs démarches, et de garantir une meilleure transparence du marché.

7. Points à retenir

• France Travail échoue à remplir sa mission dans la majorité des cas, même parmi les « succès » déclarés.

• La comparaison entre France Travail et LinkedIn est biaisée par la différence fondamentale de leurs publics.

• Le marché de l’emploi en ligne est fragmenté, redondant, et inefficace, créant des frustrations pour les demandeurs d’emploi.

• Une plateforme centralisée obligatoire pourrait simplifier les démarches et améliorer la transparence des offres.

• Les enjeux de confidentialité et de surcharge d’information sur les plateformes d’emploi en ligne restent préoccupants.

8. Liens utiles

• Sur le JDD : Sarah Knafo s’en prend à France Travail.

• Intervention de Sarah Knafo sur TPMP.

• Réponse de France Travail sur Sud Radio.

• Sur CastProd.com : Offres d’emploi : les entreprises ne sont plus obligées de les déposer sur France Travail.

• Sur France Bleu : 60 % des offres d’emploi se font en dehors de France Travail.