Au début du mois d’octobre le Gouvernement a communiqué au sujet de l’ouverture à la souscription du fonds dénommé « BpiFrance Entreprises 1 » (1). Ce fonds a alors été présenté comme pouvant permettre aux investisseurs d’obtenir un taux de rémunération douze fois plus élevé que le taux de rémunération du livret A (2). Il a aussi été présenté comme étant destiné à permettre aux investisseurs de soutenir les entreprises françaises.
En réalité la présentation effectuée par le Gouvernement n’est pas totalement correcte. C’est prendre un raccourci intellectuel que d’oser comparer ce fonds à un livret A en se basant uniquement sur le taux de rémunération. En effet le livret A est un placement sans risque. A l’inverse ce fonds est un fonds commun de placement à risque (FCPR). Comme son nom l’indique cet investissement présente des risques. D’où un espoir d’un taux de rémunération plus élevé, mais aussi un risque de pertes financières.
Avec ce fonds on se situe dans une situation de private equity, c’est à dire qu’il permet de financer des entreprises non cotées. Plus exactement 90 % des entreprises concernées par ce fonds sont des entreprises non cotées. Contrairement à ce que peut laisser croire la présentation faite par le gouvernement ce fonds n’est pas constituée uniquement d’entreprises françaises. Il n’y a en réalité que 70 % des entreprises qui sont des entreprises françaises, tandis que 30 % des entreprises sont des entreprises étrangères.
Ce fonds est géré par BpiFrance. Plus exactement il s’agit d’un fonds de fonds c’est à dire que les entreprises dans lesquelles les investissements sont effectués proviennent d’autres fonds qui sont des fonds partenaires. Il y a 145 fonds partenaires. Parmi ceux-ci 95 fonds sont dédiés au capital développement tandis que 50 fonds sont dédiés à l’innovation.
A travers ces fonds partenaires l’investissement porte sur 1 500 entreprises, qui se situent dans la catégorie des ETI et dans celle des PME. La majeure partie de ces entreprises a moins de 200 salariés. Un quart de ces entreprises exercent dans la technologie de l’information, un autre quart dans les biens de consommation, un cinquième de ces entreprises exercent dans le domaine de l’industrie et le reste est constitué d’entreprises qui exercent dans les domaines de la santé, de la finance, dans les matériaux, dans l’immobilier, et dans les services de télécommunications.
Ce fonds est ouvert aux particuliers alors qu’en général la private equity est ouvert aux seules entreprises. Le minimum de souscription de 5 000 euros ce qui est faible pour ce type de fonds car en général le minimum de souscription est plutôt de l’ordre de 20 000 euros. il n’en reste pas moins que pour un particulier ce montant minimum de 5 000 euros peut être élevé. Il peut être d’autant plus élevé que le capital n’est pas garanti pour ce type de produit et qu’au cas d’espèce il est bloqué pendant une période minimale de six ans voire de sept ans.
Le rendement espéré est évalué entre 5 à 7 %. C’est en tenant compte de cet espoir de rendement que le Gouvernement affirme que ce produit peut rapporter douze fois le taux du livret A. Mais il faut bien comprendre que ce taux de rémunération n’est qu’un espoir et peut très bien ne pas être atteint. Il faut en outre tenir compte du fait que des droits vont s’appliquer au cours de la vie du produit. BpiFrance estime que le taux maximum des frais annuels en moyenne va être de l’ordre de 3,92 %.
Notes de bas de page :
(1) La souscription à ce fonds est possible depuis le 1er octobre jusqu’au 30 septembre 2021.
(2) Le taux de rémunération du livret A est actuellement fixé à un modeste 0,50 %.
Pour aller plus loin :
Accès au site de BpiFrance.