Je tiens à exprimer d’emblée ma compassion pour les personnes, hommes et femmes, qui aspirent à la parentalité mais se voient privées de ce bonheur. Leur lutte mérite toute notre solidarité.
Cela dit, entrons dans le vif du sujet.
La vasectomie, opération chirurgicale consistant à rendre un homme stérile en sectionnant et bouchant ses canaux déférents, connaît une demande croissante. Contrairement à la castration, elle n’implique pas l’ablation ou la destruction des testicules. Théoriquement réversible par vasovasostomie, cette dernière affiche un faible taux de réussite allant de 30 à 70 %, diminuant après trois ans.
La demande de vasectomie connaît une forte croissance ces dernières années. Le site vidal.fr se fait l’écho d’un rapport EPI-PHARE selon lequel le nombre de vasectomies réalisées en France a été multiplié par quinze sur la période courant de 2010 à 2022, soit sur douze années. Depuis 2021, la stérilisation masculine est davantage pratiquée que la stérilisation féminine, dont la courbe suit un mouvement inverse, les deux phénomènes pouvant d’ailleurs être étroitement liés. Ce constat pour notre pays constitue une anomalie au niveau mondial puisque la fréquence de réalisation de la vasectomie tend à diminuer dans les autres pays.
La montée en flèche des vasectomies en France s’inscrit dans un contexte plus large caractérisé par un désintérêt pour la parentalité, favorisé par des avancées médicales, un discours incitatif et des politiques contraires aux intérêts de la famille. L’autorisation de commercialisation de la pilule ainsi que la législation rendant possible la faculté de recourir à une interruption volontaire de grossesse ont eu un effet dévastateur sur la courbe des naissances. La vasectomie constitue une nouvelle étape dans ce processus.
Certains justifient la vasectomie comme un acte militant, prétendant partager la charge contraceptive avec les femmes. Ces propos caractérisent une confusion mentale entre ces deux notions distinctes que sont la contraception et la stérilité. Ils démontrent également une analyse insuffisante puisqu’il s’agit davantage d’un transfert de responsabilité, plutôt que d’une véritable égalité ou d’un partage. D’autres moyens contraceptifs existent, comme l’histoire nous le rappelle, et nous ne faisons pas là allusion à des techniques préjudiciables au corps humain.
La poursuite du développement de la vasectomie dans le même sens que celui que nous rencontrons actuellement serait préjudiciable à notre société. Le soutien médiatique et le remboursement partiel par l’assurance maladie favorisent cette pratique, malgré des réserves éthiques et médicales. Il est à craindre que cette tendance ne contribue au déclin démographique et au déséquilibre entre les générations.
L’engouement pour la vasectomie reflète une société obsédée par sa propre extinction, où, pour paraphraser une citation de Jean Cau, certains hommes, tels des adeptes fanatiques, tambourinent sur leurs testicules stériles en se berçant d’illusions militantes.